Un appel à l’action de la part des fermières et fermiers de famille pour transformer l’agriculture au Québec

Montréal, 18 avril 2024 – Face aux défis sans précédent rencontrés par le secteur agricole au Québec, il est impératif de prendre des mesures décisives dès maintenant. Les fermières et fermiers de famille sont convaincus qu’une action rapide et durable est possible, offrant ainsi une opportunité de transformation vers une agriculture écologique, équitable et axée sur les besoins de la population.

Pour faire croître une agriculture plurielle, pérenne et nourricière, tout le système agroalimentaire, y compris les gestes du quotidien et les habitudes citoyennes, doit changer.

Un changement à opérer
Les fermières et fermiers de famille invitent les Québécoises et Québécois à passer à l’acte dès aujourd’hui en s’engageant auprès des fermes de leur région. Bien que les grandes chaînes d’alimentation constituent la source la plus accessible de nourriture, leurs politiques et leurs actions, centrées sur le profit, ne promeuvent ni la pérennité des fermes du Québec, ni la santé et le mieux-être des collectivités.

Au-delà de ces ressources d’alimentation évidentes, l’achat direct auprès des fermes est devenu plus accessible grâce à diverses options telles que les paniers de légumes biologiques issus de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC), les marchés publics, les kiosques à la ferme, les marchés virtuels régionaux et les boutiques fermières en ligne. Les paniers de légumes biologiques offrent une multitude d’avantages, notamment en réduisant les pertes et le gaspillage alimentaire grâce à un modèle d’abonnement préalable. En s’engageant à recevoir des légumes frais et de qualité chaque semaine au même prix pour toute la saison, les abonnés bénéficient d’une stabilité économique malgré les fluctuations conjoncturelles.

Bien que ces initiatives soient soutenues depuis leurs débuts par les convaincu·es, elles ont le potentiel de bénéficier à une proportion beaucoup plus grande de la population. Il est maintenant temps d’opérer, ensemble, un changement d’habitudes de consommation.

Vers une agriculture résiliente : mettre en place des solutions structurantes pour l’avenir
Il est clair que les citoyens ont un rôle crucial à jouer dans ce projet communautaire, mais il est également essentiel que les autorités gouvernementales prennent des mesures significatives, car la responsabilité de résoudre cette crise incombe également à ces décideurs. En effet, la crise actuelle ne peut être résolue par des mesures d’urgence isolées; elle reflète plutôt les défis structurels posés par les changements climatiques sur une agriculture spécialisée et mondialisée.

Les fermiers et les fermières de famille encouragent donc le ministre Lamontagne à saisir cette opportunité pour mettre en place des solutions durables et structurantes pour l’avenir.


Dans cette perspective, ils réaffirment leur engagement à contribuer à un changement positif et durable pour la société. Pour ce faire, il est nécessaire de déployer des efforts conjoints, notamment :


1) Investir massivement en visibilité et en développement des circuits courts ET en éducation
agroalimentaire.

Investir 16 M$ en trois ans (l’équivalent du budget consacré à Aliments du Québec) pour mettre en place des initiatives soutenant la visibilité et le développement des ventes directes (marchés publics, kiosque à la ferme, ASC) et des initiatives éducatives sur l’agriculture et la saine alimentation visant à outiller les ménages afin qu’ils comprennent l’impact de leurs habitudes de consommation alimentaire sur nos écosystèmes agricoles et sur leur santé.

2) Fournir rapidement nos institutions publiques de produits biologiques, locaux et provenant
directement des fermes du Québec

Bonifier la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois en demandant aux institutions publiques de se doter de cibles contraignantes afin que d’ici quatre ans, au moins 50 % des collations et repas servis dans les hôpitaux, écoles, CPE, édifices gouvernementaux proviennent directement des fermes, de regroupements de fermes ou de transformateurs achetant directement aux fermes du Québec. S’assurer qu’au moins 25 % des produits servis soient biologiques et québécois.

3) Assurer un travail digne, compétent et diversifié à la main-d’œuvre agricole par l’élargissement
du PAMT

Élargir le Programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT), un programme éprouvé de subvention salariale à la formation en entreprise, à tous les domaines de production agricole d’ici deux ans, y compris pour les travailleurs étrangers temporaires ou les personnes disposant d’un visa temporaire.

4) Assurer le savoir-faire des fermières et fermiers par un soutien solide et accessible en conseils
indépendants et gouvernementaux

Rétablir les taux antérieurs de remboursement du programme Services-Conseils qui ont été coupés de 25 % dans la dernière année. S’assurer que la relève et les fermes sous régie biologique disposent d’un soutien supplémentaire significatif. Encadrer l’ordre des agronomes du Québec pour empêcher que les conseils agronomiques soient dictés par l’agro-industrie. Augmenter les effectifs du MAPAQ et de ses organismes associés (Financière agricole du Québec, CPTAQ, CARTV…) de 25 % d’ici deux ans, en ciblant particulièrement l’expertise dans les modèles émergents (production, mise en marché, formes d’entreprise).
5) Confier à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) les prêts garantis par la
Financière agricole du Québec (FADQ)
Cette mesure permet d’assurer un contrôle des coûts pour l’État et des taux d’intérêt équitables et prévisibles pour les fermières et fermiers. À l’heure actuelle, la FADQ prend à sa charge la gestion du risque ainsi que la gestion financière et administrative des prêts tout en remboursant aux fermes une part des intérêts payés aux banques, privatisant les profits associés à la dette agricole québécoise.

Une autre agriculture est prête à éclore et est porteuse de promesses. Semons dès aujourd’hui ce que nous voulons manger demain.