24 février 2024 – Malgré l’annonce de la protection de 109 hectares de terres agricoles, Québec a annoncé avant-hier qu’elle sacrifiait 163 hectares de terres agricoles et de milieux naturels pour les réserver à d’éventuels projets industriels sur le site du défunt projet de port méthanier de Rabaska.
Cette décision illustre, à nouveau, qu’il est toujours plus facile et moins coûteux de développer sur des terres agricoles. Les 140 000 $ par hectare payés par Québec représentent plus de dix fois la valeur moyenne des terres agricoles en Chaudière-Appalaches, un prix démesuré au regard des capacités financières des agriculteurs tout en étant nettement inférieur à ce qu’il en coûterait normalement en zone urbanisée
Québec a cité un «bel équilibre entre vocation industrielle et la vocation agricole» qui aurait été atteint par cette acquisition.
«Pour l’Alliance SaluTERRE, il s’agit non pas d’un “équilibre” mais d’un recul pour la préservation des terres agricoles et des milieux naturels de la région », estiment ses membres, qui saluent toutefois les efforts déployés par le ministre Lamontagne dans ce dossier.
Une demi-mesure démontrant qu’une fois de plus, le gouvernement du Québec ne reconnaît pas la contribution de l’agriculture à notre richesse collective, tant par la valeur économique de ses activités que par la valeur des services écosystémiques rendus à notre société par les terres agricoles et les milieux naturels qu’elles abritent.
Par la vocation industrielle qu’il donnera à plus de la moitié du site, le gouvernement du Québec s’éloigne des dispositions actuelles de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, qui prévoient pourtant la réinclusion à la zone agricole en cas de non-réalisation d’un projet (soit celui du défunt port méthanier de Rabaska, abandonné en 2013).
Rappelons qu’aucune entreprise n’a démontré d’intérêt ou de projet précis pour s’établir sur ces terrains pour l’instant.
L’Alliance SaluTERRE en appelle donc au Gouvernement du Québec afin qu’il retourne l’intégralité de ces 272 hectares à leur vocation initiale. Tout nouveau projet industriel pourra se soumettre à l’examen et au processus régulier d’autorisation de la Commission de protection du territoire agricole déjà prévu par la Loi. La Commission, conformément à son rôle qu’elle exerce depuis près de 50 ans, aura alors l’occasion de soupeser l’impact réel d’un projet précis sur cette portion du territoire agricole.
« Le gouvernement du Québec doit prêcher par l’exemple. Pour assurer notre sécurité alimentaire et nous nourrir, aujourd’hui comme demain, chaque terre compte. À Rabaska. À Beauharnois. À Bécancour. À Vaudreuil-Dorion. L’exemplarité est de mise, partout et en tout temps », concluent les membres de SaluTERRE.
Rappelons que les terres agricoles représentent tout juste 5 % du territoire québécois, comparativement à 58 % pour la France et 45 % pour les États-Unis.